immigration .. Une douleur qui ne s'effacera pas

Aujourd'hui en discutant avec une demoiselle vivant le même processus d'immigration que moi , elle m'a dit : '' c'est étrange , pour la première fois depuis que je suis ici , c'est la première fois que je parle à quelqu'un qui comprend et qui ne me dit pas '' fais des efforts '' . Et c'est vrai, les gens nous pensent faible et refermé sur nous même , ils s'imaginent que nous ne faisons aucun effort . Ils ignorent le véritable enjeux d'un tel mode de vie . Ils ne savent rien et pensent tout connaitre . Ils jugent mais ne comprennent pas . Et il est impossible de leur en vouloir , de les juger incompétent parce que c'est humain et personne ne peut comprendre ce qui se passe dans notre tête , notre corps , sans avoir tout quitté du jour au lendemain comme nous l'avons fait , tout comme je ne pourrai pas comprendre correctement quelqu'un qui vit le décès d'un parent proche ou qui passe au travers d' une rupture d'amour après 4 ans de relation . Le plus dur après tout , je crois que c'est d'accepter que les choses sont comme elle sont . C'est de s'habituer à cette douleur étrange qui se présente plus ou moins souvent selon les périodes , toujours avec la même intensité . Une douleur qui dérange , qui ne se soigne pas ou peut être alors , avec le temps , énormément de temps . C'est de vous lever un matin en sachant que à cette heure ci vos amis sont dans un café , s'amuse sans vous et que si vous n'étiez pas si loin, c'est sans aucun doute que vous seriez de la soirée . Vous imaginez ce qu'il s'y passe , ce qu'il s'y dit . Ils vous manque atrocement , douloureusement , il n'y a même pas de mot pour définir l'impact de leur absence . Mais vous savez pertinemment que sans forcément douté de leur amitié , qu'ils ne penseront pas à vous ce soir là , qu'ils ne remarqueront même pas votre absence autour de la table . Oui , je pense que le plus difficile , c'est de se sentir seul dans ce combat , c'est de crever de leur absence et de savoir qu'il en sous estime la véritable signification . Le vide , le vide qu'on connait par coeur , qui ne s'explique pas . Un vide que je ressens littéralement au plus profond de moi , une place qui n'est pas un prendre . Quelque chose qui n'existe plus , de perdu , qui ne sera plus mais qu'on continue pourtant sans cesse de chercher , de combler .
Il y a ceux aussi qui sont là chaque jours , ceux qui comme moi on quitté leur pays dans le même avion qui trouve encore le moyen de me critiquer . La simple évidence , c'est qu'on a pas les même priorité . J'aimais ce que j'avais , ils ont voulu fuir pour trouver mieux ailleurs , mais je n'avais rien à fuir , et ce que j'avais me satisfaisait totalement . J'aimais des gens comme ils n'en aimeront peut être jamais . J'avais une vision de l'amitié qu'ils n'ont pas . Et si leur préférence est pour autre chose , alors je ne juge pas . Mais eux même ignore ce silence , cette blessure , ce vide immense .
Mais comment dire encore , après tant d'essai , tant d'échec de toute facon , faire comprendre aux autre que pour nous , plus rien ne sera jamais comme avant . Qu'on a perdu le meilleur et que autant que notre avenir peut s'avérer prometteur . On regrettera toujours. On aura toujours mal . On sera toujours vide , étrangement et beaucoup trop vide et que ni leur amour , ni leur reproche ne poura en changer quoi que ce soit .