dimanche 17 octobre 2010

Cet enfant, ce frère

Comment , comment dire à cet enfant que je suis désolée, que ce n'est pas normal, que j'aurais aimé l'aider, lui tendre la main, l'emmener. L'emmener loin de cette violence, de ces coups, de ces cris. Le serrer dans mes bras en lui promettant que tout ira bien, l'écouter, le consoler. Comment pourrais-je un jour lui expliquer combien j'ai trouvé ça dur d'être spectatrice de sa douleur, combien je me suis sentie impuissante sans pouvoir l'aider. Et comment pourra t il croire un jour tout ceci alors que je n'ai jamais rien fait. Je n'ai jamais retenu cette main qui arrêtait sa course folle sur son corps d'enfant. Quand je n'ai jamais pris la parole en leur disant d'arrêter, quand je l'ai si peu souvent pris dans mes bras pour le consoler quand je le trouvais tremblant, en larme dans le coin de la cours. Comment pourra t il me pardonner de n'avoir rien fait, rien dit, de ne pas l'avoir protégé?
Peux t il seulement savoir que l'adulte que j'étais, cloîtrée dans sa chambre se bouchait les oreilles pour ne pas entendre ses cris. Pourra t il seulement imaginer ces cauchemar qui ont hanté mes nuits.
Sera t il un jour que j'aurais aimé lui parler, m'excuser, lui expliquer, lui demander pourquoi, pourquoi il continuait à désobéir autant quand il savait ce qu'il l'attendait à son retour ? J'aurais aimé essayer quelque chose, l'encourager, le féliciter, le disputer sans violence ni insulte quand c'était nécessaire. Comprendra t il que la barrière de la langue rendait tout cela impossible, qu'à part des sourcils froncés, un clin d'œil ou un sourire, communiquer était impossible.

Comprendra t il que je n'avais pas le choix, que je ne pouvais pas arriver comme ça et tout changer, leur dicter quoi faire? Sais t il combien je suis désolée de l'avoir sans déçu , de ne pas avoir répondu à son appel ce soir où dans ses hurlements il y a glissé mon nom.

Mais dites lui que je le considère comme mon frère, dites lui que je prie pour lui, que je l'aime et que je suis désolée.