mercredi 4 août 2010

Retour ..

De retour après avoir passé 2 mois et demi dans ce pays du sud , le Sénégal , terre de teranga. De retour ? Est ce en fait réellement possible de tout à fait en revenir ? Partir sans se retourner , sans y laisser un bout de soi , sans y laisser coeur et âme ?
Et si seulement il était possible de mettre en mot tout ce que j'y ai vécu , tout ce que ces gens merveilleux m'ont appris . Si seulement je pouvais transmettre ce nouveau savoir qui devrait être un acquis indispensable à chacun . C'est dans la crainte , la peur de l'inconnu que j'y ai mis les pieds. J'avais peur de ce que j'allais y trouver, peur de la différence et de ma propre réaction dans un tel contexte. Et pourtant ... Pourtant c'est la gorge nouée que j'en parle aujourd'hui. Le temps est passé tellement vite ... Trop vite. J'ai appris à vivre vraiment, sans craindre demain , sans douter sans cesse . J'ai appris à aimer les gens autrement , à leur ouvrir ma porte , à leur tendre la main . J'ai appris à écouter , à me poser . J'ai appris que la misère rendait les gens plus fort , j'ai appris toutes ces choses qui ne s'expliquent pas ...
J'y ai découvert une seconde famille où l'amour , l'espoir et la foi règne en toute sérénité. Ils m'ont offert un toit , une place autour de leur repas , un nom . Ils m'ont offert une chance de recommencer à zéro et sans même le savoir , le bonheur à l'état pur . Se brûler les doigts en préparant le thé , observer les étoiles au bord du fleuve , être réveillée le matin par les chants de la mosquée , serrer les mains , saluer , marcher les pieds nus dans le sable , les observer prier . Voir ces voisins et inconnus entrer et sortir en toute tranquillité . C'est ca le bonheur ... C'est ca .
Et je ne sais plus comment encore aujourd'hui avancer sans me retourner . J'étouffe dans ce monde trop faux où entourée de technologie , de meubles et de confort je ne trouve plus ma place .
Le Sénégal , Saint-Louis , la famille Diop me manque par dessus tout .
Et j'ai peur , tellement peur de tout oublier , d'être oubliée , de ne pas pouvoir en faire assez . J'ai peur de cette vie ici qui me rappelle à elle où sans leur présence je dois trouver où aller . De ne pas pouvoir crier assez fort toute cette reconnaissance et cet amour qui leur est destiné .