vendredi 17 septembre 2010



Il est là , il est jeune comme vous , comme moi . Assis en silence sur ce banc de pierre il regarde , il écoute , il pense ... Il imagine . Il imagine le monde là bas , au bout de cette étendue d'eau qui se balance sous ses yeux . Il imagine le monde tel qu'il pourrait être sans que ce soit à travers cet écran de télévision. Il rêve de voyager, de découvrir , de rencontrer . Et pourtant . Il est toujours là , coincée dans ce pays qui est le sien . Comme l'a été son père ainsi que son grand-père. Il se permet un instant de répit. Il ne fronce pas un sourcil , ne courbe pas le dos , n'hausse pas le ton de la voix , ne verse pas une larme . Il reste droit sur ce banc de pierre et ne serre pas un poing . Il voudrait pourtant parfois quitter cette terre et aller voir ailleurs . Il ne rêve pas comme toi d'un voyage tout inclut sur le bord d'une plage , alcool à volonté . Sait il seulement que ca existe ? A-t-il seulement le temps de songer à tant de superficialité ? Il aime sa terre , sa famille et ses amis . Il est fier de ce qu'il est et ne se plaint jamais . Mais il y a des jours comme ça , où il passe des semaines , des mois à attendre un appel , un chantier , du travailler pour avoir de quoi manger . Et ces jours là , il ne lâche plus cet horizon du regard . Il y pense sans cesse ... Et si , et si seulement il pouvait , si il savait comment se rendre là-bas . Il est prêt à travailler jour et nuit , à dormir au pied d'un lit , à se cacher, à se taire . Il ne demande que du travaille , de l'argent , de quoi envoyer sa petite soeur à l'école , elle qui travaille si fort pour réussir . Pour offrir à déjeuner à son père , à son frère . Il a ton âge , mon âge , la vingtaine à peine et pourtant , il est là au bord de l'eau la tête lourde . Il aimerait , mais il ne peut pas . Il prie sans cesse , en se disant un jour peut être ... Aura-t-il enfin le droit , tiendra-t-il enfin un jour ce papier qui lui donnera le droit à l'égalité , à l'espoir , le droit de parcourir ce monde qui n'appartient à personne ? Quittera-t-il un jour ce banc de pierre pour u
n avenir meilleurs et pourtant toujours précaire ?