mercredi 17 août 2011

La montre

Le temps passe, les gens s'impatientent, gesticulent sur leur chaise grinçante, regardent leur montre toute les cinq minutes, se lèvent, se bousculent les uns les autres et quittent le local en plein milieu de la présentation.
Cette montre attire mon attention. Je la regarde de temps à autre. Le temps s'y est arrêté, les aiguillent y ont cessé leur course folle, elles sont au repos. La date aussi y est restée figée. Les jours, les semaines se sont écoulées et pourtant...
Je souris bêtement.
Malgré son inutilité, cette montre s'accorde parfaitement à la peau foncée de son propriétaire. Cet homme ne bronche pas une fois, souris à chaque étudiant qui entre dans la salle en leur offrant de leur laisser sa place assise. Je le vois attentif et songeur, assise à ses côtés je profite pleinement de cette sérénité que sa présence dégage.

Je souris bêtement en imaginant que cette montre sans mouvement représente pour cet homme la vie, la culture et la famille qu'il a laissé derrière lui. Serait-ce son arme, son ultime défense pour ne pas se laisser emporter par ce courant d'inquiétude, de stress, de mal être qui se trouve en permanence autour de lui ici?
Et si ce bracelet doré lui transmettait quand nécessaire le souvenir de la chaleur de son peuple, de son soleil ivoirien ?
Et si ces aiguilles immobiles lui permettaient d'oublier un instant que le temps file malgré lui, que son fils grandit sans qu'il soit là pour le guider.

Et si, lui seulement, avait cerner la véritable vérité ? Si dans le silence de l'engrenage arrêté de cette montre, cet homme nous murmurait, essayait de nous enseigner qu'il est peut être temps de prendre le temps de vivre.